Le 10 janvier dernier, le compositeur hispano-canadien José Evangelista – l’un des plus brillants compositeurs de sa génération – est décédé à Montréal à l’âge de 79 ans.
Au nom du Centre de musique canadienne au Québec, nos condoléances à sa femme Mathilde ainsi qu’à toute sa famille.
« C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès du compositeur José Evangelista », a annoncé la Société de musique contemporaine du Québec dans un post Facebook. « Ce talentueux et prolifique compositeur a écrit plus de 80 œuvres ».
Né à Valence le le 5 août 1943, il s’installe à Montréal dans les années 70 et devient une figure de proue de la scène musicale contemporaine.
Ses premières études ont été consacrées à la physique, matière dans laquelle il a obtenu son diplôme universitaire. Parallèlement, il suit une formation musicale avec Vicente Asencio au Conservatoire de Valence, où il a remporté le premier prix de composition en 1967. L’intérêt pour l’informatique conduit Evangelista à Montréal en 1970, où il s’installe définitivement. Il étudie la composition avec André Prévost et Bruce Mather à l’Université McGill.
Il est rapidement devenu ami avec d’autres musiciens du milieu québécois qui commençaient aussi leur carrière, notamment Lorraine Vaillancourt, Michel Longtin et Claude Vivier, avec qui il a lancé Les événements du neuf, une société de concerts qui allait durer une douzaine d’années.
En 1979, il devient professeur à l’Université de Montréal, où il enseignera pendant près de 30 ans. Parmi ses réalisations, mentionnons la création, en 1987, d’un atelier de gamelan balinais, qui se poursuit encore aujourd’hui. Parmi ses anciens élèves en composition, on compte Ana Sokolović, Samy Moussa et Simon Bertrand.
« En plus de la composition, José Evangelista a également enseigné à la Faculté des cours d’ethnomusicologie qui ont contribué au décloisonnement et à l’ouverture sur les traditions musicales du monde », écrit Nathalie Fernando, doyenne de la faculté de musique de l’Université de Montréal. « Pour lui, il n’y a jamais eu de frontières culturelles, ce qui en fait indéniablement un exemple pour les générations future ».
José Evangelista est compositeur agréé au CMC Québec depuis de nombreuses années.
Les influences espagnoles étaient apparentes dans une grande partie de la musique d’Evangelista, comme l’illustre sa suite en cinq mouvements Retazos pour duo de guitares.
Son ballet Rudolph (1983) et surtout O Bali (1983) – qui reflète ses expériences avec la musique indonésienne – sont très populaires au Canada. Le compositeur consacre plusieurs de ses séjours en Indonésie à l’étude du gamelan balinais à Denpasar et javanais à Yogyakarta, où il est également compositeur en résidence. Ses racines hispaniques représentent un motif d’inspiration dans de nombreuses œuvres de sa longue période canadienne. Ainsi, Monodías españolas, une œuvre de 1988 qui constitue sa plus grande contribution au piano et qui a été fréquemment interprétée en Amérique comme en Europe. Dans la même veine, on trouve Airs d’Espagne de 1992 et Cancionero de 2001.
Dans la dernière partie de sa carrière, il s’est tourné avec succès vers l’opéra. En 2000, il a composé Exercices de conversation et de diction française pour étudiants américains sur un texte de Ionesco, qui a été créé à Lyon, et en 2001 Manuscrit trouvé à Saragosse sur le célèbre roman de Jan Potocki, qui a été créé avec succès à Montréal.
Prix
En 1974, il ait été le brillant vainqueur du concours de la Harpe d’or, alors le plus prestigieux prix de composition en Espagne, et qu’en 1983, il ait reçu un prix du ministère de la culture pour son œuvre Visión en torno a la figura de Santa Teresa de Jesús (Vision autour de la figure de Sainte Thérèse de Jésus) pour mezzo-soprano, piano, harpe, violoncelle, guitare électrique et vibraphone. Sa pièce chorale O quam suavis est a remporté le premier prix d’un concours de composition organisé par l’église St. Mary Magdalene de Toronto en 1988.
En 2019, Evangelista a reçu le prix Serge-Garant (25,000 $) de la Fondation Émile-Nelligan pour l’ensemble de son œuvre. Sa pièce Nuevas monodías españolas a été nominée pour la composition classique de l’année aux Juno Awards 2005.
La famille recevra les condoléances au complexe Alfred Dallaire Memoria situé au 1115 Av. Laurier O à Montréal, le dimanche 22 janvier 2023 de 14h à 17h et de 19h à 21h.