
La communauté musicale québécoise souligne cette semaine les 50 ans du décès accidentel, sur les routes de France, du compositeur Pierre Mercure. Reconnu et estimé tant pour son travail de compositeur qu’en regard des nombreuses réalisations qu’il a signées à Radio-Canada, Mercure fait aujourd’hui figure de pionnier de la musique d’art au Québec. Ancien étudiant de Claude Champagne, Mercure a étudié un court moment auprès de Nadia Boulanger, à Paris, avant de faire la connaissance de Milhaud et de Dallapiccola aux États-Unis, dans le cadre des cours d’été de Tanglewood auxquels il prit part au début des années 1950.
Alors que les premières œuvres de la jeunesse de Mercure portent la marque d’un lyrisme éminemment expressif et d’une écriture rythmique influencée par Stravinski, les œuvres écrites à partir de la fin des années 1950 témoignent de la recherche constante animant ce compositeur, qui poursuivait les moyens musicaux les mieux adaptés à la représentation artistique de son époque. Ainsi se font face, dans son court catalogue, des œuvres proches de l’impressionnisme français (Pantomime, Kaléidoscope), et d’autres plutôt symptomatiques des recherches de la jeune musique électronique (Psaume pour abri, Tétrachromie, Lignes et Points). Certains ont dit de cette évolution de son approche créatrice qu’elle aura été la poursuite musicale des idéaux poursuivis par les artistes automatistes, signataires du Refus global, dont Mercure fut aussi un proche collaborateur et ami.
On ne peut par ailleurs passer sous silence son extraordinaire contribution au rayonnement du Québec sur la scène internationale, lui qui fut l’instigateur de la désormais célèbre Semaine internationale de musique actuelle, qui eut lieu à Montréal en 1961. S’y retrouvèrent plusieurs compositeurs venus de partout dans le monde, de John Cage à Yoko Ono, en passant par Stockhausen et Xenakis ! Mauricio Kagel y dirigea la première mondiale d’Anerca de Serge Garant, et on y entendit même le sculpteur Armand Vaillancourt, qui se fit un instant percussionniste, à l’occasion de l’exécution des Structures métalliques II de Mercure. Il fut aussi, enfin, aux côtés de Wilfrid Pelletier, à l’origine de cette Société de musique contemporaine du Québec dont Garant prit la direction musicale au moment où la mort emportait ce pilier de notre histoire musicale que fut Pierre Mercure.
À l’occasion de ce cinquantenaire, Radio-Canada a rendu accessible, sur son site internet, l’ensemble du coffret qui fut dédié à Pierre Mercure dans l’Anthologie de la musique canadienne. Suivez ce lien pour y accéder dès maintenant. Bonne écoute !